Poetry / September 2015 (Issue 29)


Two Excerpts from Beyond Elsewhere

by Gabriel Arnou-Laujeac, translated from the French by Hélène Cardona

1.

      Her heady scent takes me in her Eastern palm and drops me in the loving shadow of her eyelashes, where immensity awaits. I breathe her; internalize her; become her: she is the sun’s blood scabbing my skin, oxygen in my lungs, and my breath harmonizes with the high winds animating her.

     Clad in space, with winds for belts, our naked bodies fly: from the sky, we reach the motionless center. We scour the heights of a borderless land, where ancient poets, dedicated to the worship of light, reign: their language is a sleepless flame, a fiery arrow pointing to the ineffable and to the other shore of the Real.

     Her muse alphabet and soul-infused music lay bare in this place with no address, where we capsize from shadow to light, eyes closed, in the annihilation of all apparent realities. The illusion of being two no longer separates us. In truth, I am no longer here, nor is she. What remains is a soul divested of its two bodies, a light freed of shadow. Love remains at last reinvented beyond the damper of time, the prison of space, and the first seven heavens whose eighth she offers. 

Excerpt from Beyond Elsewhere, by Gabriel Arnou-Laujeac, forthcoming from White Pine Press in 2016, translated from the French by Hélène Cardona

 

     Son parfum entêtant me prend dans sa paume orientale et me pose à l’ombre aimante de ses cils, où patiente l’immense. Je la respire ; l’intériorise ; je la deviens : elle est le sang du soleil qui boue sous ma peau, l’oxygène dans mes poumons et mon souffle s’accorde aux grands vents qui l’animent.   

     Vêtus d’espace, ceinturés de vents, nos corps nus s’envolent : du ciel, nous rejoignons le centre immobile. Nous traversons les cimes d’une terre sans frontières, où règnent d’antiques poètes voués au culte de la lumière : leur langue est une flamme qui n’a pas de coucher, une flèche ardente qui pointe l’ineffable et l’autre rive du Réel.

     Son alphabet de muse et la musique infuse de son âme, sont mis à nu en ce lieu sans adresse où l’on chavire de l’ombre à la lumière les yeux clos, dans l’anéantissement de tous les réels apparents. L’illusion d’être deux ne nous sépare plus. En vérité, je ne suis plus là, ni elle. Ce qui demeure, c’est une âme dévêtue de ses deux corps, une lumière affranchie de son ombre. Ce qui demeure, c’est l’amour enfin réinventé par-delà l’étouffoir du temps, la prison de l’espace, et les sept premiers ciels dont elle m’offre le huitième.

Gabriel Arnou-Laujeac, from Plus loin qu’ailleurs (Éditions du Cygne, 2013)

 

2.

             I now inhabit the refuge of night, a secret cabin in the soul, a space of grace and retreat. The tumult of the world recedes, for a few hours time is a ring on the finger of the Eternal: the seconds turn on themselves and form an unbroken circle, nothing can any more interrupt the inner music that carries me and takes me whole in its dervish dance. Traveling up the stream of inspiration toward its anonymous source, I hear the divine clamor, the echo of the first cry of ecstasy resounding since the dawn of all, rapt in the heart of the existential dream, the absurd, and grace. 

Excerpt from Beyond Elsewhere, by Gabriel Arnou-Laujeac, forthcoming from White Pine Press in 2016, translated from the French by Hélène Cardona

 

           J’habite désormais la nuit comme un refuge, une cabane au creux de l’âme, un espace de grâce et de retraite. Le tumulte du monde s’éloigne, pour quelques heures le temps est une alliance au doigt de l’Éternel : les secondes tournent sur elles-mêmes et forment un cercle ininterrompu, rien ne peut plus rompre la musique intérieure qui me porte et me prend tout entier dans sa danse derviche. En remontant le courant de l’inspiration vers sa source anonyme, j’entends la clameur divine, l’écho du premier cri d’extase qui retentit, depuis l’aube de tout, en plein cœur du rêve exis­tentiel, de l’absurde et de la grâce.

Gabriel Arnou-Laujeac, from Plus loin qu’ailleurs (Éditions du Cygne, 2013) 

 

 
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